Mar 2 2021

Alexandre Jollien

 Écoutez Alexandre Jollien nous parler de Maître Eckhart
 
 
 
« Bon, ok, il est peut-être difficile à comprendre pour une première écoute mais à la longue son charme et sa culture nous réconforte et on en deviens vite accro. » Gougou

 

 

 

 


Oct 18 2020

Le zen, chemin du « oui »

Le laboratoire philosophique des HUG. Extrait de la conférence d’Alexandre Jollien du 9 décembre 2010
« Le zen, chemin du « oui »
Alexandre Jollien se nourrit des philosophes et cite les textes avec une interprétation possible de leur pensée.


Août 29 2020

Pour se libérer, il faut se savoir esclave !

Pour se libérer, il faut se savoir esclave !

Histoire de reprendre le souffle après une séance de luge, j’ai raconté à mes enfants l’histoire de Gygès et de son anneau magique. « Et vous, que feriez-vous si vous aviez l’anneau ? » « Je volerais un bob », rétorque ma fille tandis que mon garçon renchérit : « Moi, des boîtes de raviolis ! » Question : « Et papa, qu’est-ce qu’il ferait s’il avait l’anneau ? » Les yeux rieurs, ils attendent. Ma fille lâche enfin: « Toi, tout ce que tu fais, ça marche ! Mais tu ne voudrais peut-être pas être handicapé ? »

Voilà que revient LE désir enfoui, jamais aussi clairement formulé.

J ‘avais pourtant fait ma liste et m’étais plu à m’imaginer l’heureux possesseur de l’anneau magique. Que ferais-je donc ? Oh, rien de grave ! D’abord, j’irais épier quelques garçons normaux dans leur vie quotidienne, histoire de les désidéaliser, de voir qu’ils doivent eux aussi faire face à des difficultés. Je m’ autoriserais ensuite un bref saut à la librairie juste pour embarquer à l’œil une pile d’ouvrages et, en passant, je ne résisterais pas à une petite halte à la banque, afin d’assurer mes fins de mois et de jouer au Robin des Bois qui-vole-aux-riches-pour-donner-aux-pauvres-pauvres.

Enfin si, tel Aladin, je croisais un bon génie, il est tout sauf sûr, même en y réfléchissant d’un peu plus près, que je changerais de corps. Après tout, il me constitue. C’est lui qui a aussi façonné mon état d’esprit.

Mon état d’esprit, mon corps… je sens bien qu’un désir servile veut tout posséder, tout s’approprier, ligoter entièrement son objet. Mission impossible, qui ne peut que nous vouer au mal-être ! Quand je loupe un avion, c’est mon avion. Il y a deux cent cinquante places dans l’appareil, mais c’est mon avion. Mon avion, ma femme, mes enfants, mes amis. Cette volonté implacable est permanente : « Je te veux, je te veux pour toujours. »

Dès qu’il y a un « pourvu que ça dure », nous voilà mal barrés ! Pourquoi souhaiterais-je être normal ? L’expérience quotidienne suffit à démontrer que la possession et l’avoir ne rendent pas nécessairement heureux. Familier de cette idée, je dois donc m’interdire d’acheter des livres sur le détachement, ou de me vouloir à la place d’un Apollon. À côté de mon rêve de normalité, je débusque un autre désir, tout aussi violent : mon désir de dépouillement a déjà fait déborder quelques rayons de ma bibliothèque ! Confondant paradoxe. À quoi bon chercher dans l’avoir ce qui ne s’obtient que dans la pratique et l’abandon ? Je le sais, et pourtant…
Si je prends mon désir de dépouillement comme échantillon, qu’il me suffise de convenir qu’il n’est en soi pas mauvais. Ce n’est que faute de l’écouter vraiment que je me fourvoie. Car que me dit-il ? Certainement pas de consommer ni d’amasser des livres, encore moins de m’encombrer de théories nouvelles qui m’éloignent d’une pratique saine et sobre. Au contraire, il me convie à savourer le présent, à y puiser l’essentiel de mes ressources, à bannir ces tenaces inclinaisons à la comparaison qui me poussent à désirer être quelqu’un d’autre. Quant à ma soif de plaisir étanchée sans vigilance, elle ne peut que me mener à la dépendance et à la souffrance. Trop docile à certains de mes désirs, j’en subis les conséquences. C’est le cas évidemment lorsque, souhaitant goûter les fruits de l’amitié, je me ligote à l’autre. Comme un avare, je confonds souvent le moyen et la fin. Or si celui-ci tient tellement à thésauriser, c’est avant tout et ultimement parce qu’il aspire à devenir heureux. Dans sa quête, il s’égare, voilà tout ! Moi aussi… Lire la suite


Avr 4 2020

Alexandre Jollien et le philosophe nu


Mar 22 2020

Socrate ou l’art d’accoucher

Le laboratoire philosophique des HUG. Extrait de la conférence d’Alexandre Jollien du 30 octobre 2008
Socrate ou l’art d’accoucher
« Ce qui me plaît beaucoup chez Socrate, c’est l’idée de la mort de soi. »
« Se libérer du soi capricieux pour être réellement, se libérer du soi qui est le jouet passionnel pour exister réellement. »
« Savoir qu’on s’intègre dans la nature, dans le tout de la vie et que si on s’isole du tout, on devient égoïstes, (…) mais surtout, on souffre d’autant plus qu’on se coupe de ce qui peut nous nourrir. »