Nov 9 2020

Le bonheur avec Spinoza de Bruno Giuliani

Le bonheur avec SpinozaSpinoza est peut-être le plus grand philosophe de l’Occident, mais il est si difficile à lire que très peu arrivent à le comprendre. Voici son Éthique rendue enfin accessible à tous dans une version simplifiée et modernisée enrichie de précieuses explications et de nombreux exemples. Reformulant l’Éthique dans le sens des sagesses non-duelles, Bruno Giuliani met en lumière l’intuition la plus évolutionnaire de l’oeuvre, souvent incomprise de ses lecteurs, à savoir que le véritable sens de Dieu – c’est-à-dire la nature – est en réalité la Vie.

Accompagnant le lecteur tout au long de l’ascension spirituelle qui va de la souffrance de l’ignorant à la liberté du sage, il montre comment se libérer des illusions de la morale et s’éveiller à la grâce de l’amour par la seule compréhension de la vérité. L’Éthique apparaît alors clairement pour ce qu’elle est : une extraordinaire pédagogie du bonheur dont la méthode est la thérapie de l’affectivité par l’éveil de notre intuition. Plus nous comprenons nos affects comme des expressions nécessaires de la Vie, plus nos passions se transforment en vertus et plus nous devenons libres, aimants et heureux, jusqu’à la plus haute béatitude.

Une invitation magistrale à éveiller notre coeur à l’unique source du bonheur – et au sens même de l’existence : la culture de la joie.


 

Le bonheur avec Spinoza  – L’Éthique reformulée pour notre temps de Bruno Giuliani
ISBN : 9782351180693
 
Site de l’auteur : www.brunogiuliani.com
Blog de l’auteur : brunogiuliani.blogspot.ca

Sep 13 2019

Le bonheur, désespérément…

« Qu’est-ce que je serais heureux si j’étais heureux ! » -Woody Allen

 » Qu’est-ce que je serais heureux si j’étais heureux !  » Cette formule de Woody Allen dit peut-être l’essentiel : que nous sommes séparés du bonheur par l’espérance même qui le poursuit. La sagesse serait au contraire de vivre pour de bon, au lieu d’espérer vivre. C’est où l’on rencontre les leçons d’Épicure, des stoïciens, de Spinoza, ou, en Orient, du Bouddha. Nous n’aurons de bonheur qu’à proportion du désespoir que nous serons capables de traverser. La sagesse est cela même : le bonheur, désespérément.

Il y a une formule de Spinoza qui m’a laissé perplexe pendant des années. Dans l’Éthique on peut lire que la béatitude est éternelle et donc ne peut être dite commencer que « fictivement ». La béatitude ne commence pas, puisqu’elle est éternelle. Mais alors, me disais-je, pour moi qui ne l’ai pas, c’est raté définitivement… C’est une autre phrase, historiquement et géographiquement très éloignée de Spinoza, qui m’a aidé à sortir de cette difficulté — une phrase de Nâgârjuna, grand penseur et mystique bouddhiste. Vous savez que l’équivalent de la béatitude chez Spinoza, c’est ce que les bouddhistes appellent le nirvâna, le salut, l’éveil. Et le contraire du nirvâna, c’est-à-dire notre vie telle qu’elle est, ratée, gâchée, manquée (comme dit Alain à propos de George Sand, qu’il admire), bref la vie quotidienne dans sa dureté, dans sa finitude, dans ses échecs, c’est ce qu’ils appellent le samsâra, le cycle de la naissance, de la souffrance et de la mort. Or, Nâgârjuna écrit : « Tant que tu fais une différence entre le nirvâna et le samsâra, tu es dans le samsâra. » Tant que vous faites une différence entre le salut et votre vie réelle, entre la sagesse et votre vie telle qu’elle est, ratée, gâchée, manquée, vous êtes dans votre vie telle qu’elle est. La sagesse n’est pas une autre vie, où soudain tout irait bien dans votre couple, dans votre travail, dans la société, mais une autre façon de vivre cette vie-ci, telle qu’elle est. Il ne s’agit pas d’espérer la sagesse comme une autre vie ; il s’agit d’apprendre à aimer cette vie comme elle est — y compris, j’y insiste, en se donnant les moyens, pour la part qui dépend de nous, de la transformer. Le réel est à prendre ou à laisser, disais-je. La sagesse, c’est de le prendre. Le sage est partie prenante et agissante de l’univers.

André Comte-Sponville

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