Juil 26 2020

Grâce et gratitude

« Comme un don gratuit, on reçoit un nouvel état de conscience et d’être. La vie est don gratuit, l’éveil est don gratuit et tout ce qui arrive est don gratuit. C’est le sens du mot “ Grâce ”. Il y a trois choses à se rappeler ici. Tout d’abord : Ce qui nous est donné doit être reçu avec reconnaissance. Pas simplement les belles et bonnes choses, pas juste ce qui plaît et nous est agréable. TOUT. On remercie pour tout. On remercie tout le temps. Les petits bonheurs, les petits malheurs, les bons coups, les coups durs, tout. L’humilité est venue avec la reconnaissance de notre impuissance. Cette humilité, avons-nous dit, est le fondement de la nouvelle vie, de la vraie vie. Et la reconnaissance (la gratitude), c’est l’humilité vécue à chaque instant : c’est voir que rien n’est venu de nous, que rien ne nous appartient, que nous ne faisons strictement rien, que tout est un cadeau continuel du Courant de la Grâce. (Le mot “gratitude” vient aussi de “grâce” : c’est un acte gratuit, spontané, pour aucune raison, “pour rien”. On remercie spontanément et gratuitement).

Deuxièmement : Ce qui est reçu doit être donné avec générosité. La vie est un courant de générosité intarissable, d’amour sans attache, de don sans attente. La vie, c’est un courant qui se donne sans compter, sans condition, sans marchandage. Donner ce que l’on a reçu, car tout passe, rien ne demeure, tout nous coule de toute façon entre les doigts, tout est mouvement et rien ne doit resté emprisonné dans un coffre-fort, une banque, un frigo ou un cœur. Tout doit circuler. La vie est aussi un courant paisible. Lorsque ce courant est agité et bousculé, cela est dû surtout à nos passions, à notre émotivité, à nos attentes, notre désir de posséder, notre avidité, notre impatience, notre souci pour l’avenir, pour le “ demain ”, le “ plus tard ”, pour “ quand je serai heureux ”. Mais une fois que l’on a mené l’aventure de tout essayer, de goûter à tout, de tout vouloir, de tout posséder, on se retrouve les mains et le cœur vides : ce n’est pas ce qu’on voulait. Saint Paul le disait bien, il y a déjà 2000 ans : Je ne fais pas ce que je veux; je fais ce que ne veux pas. En effet, on peut dire d’une grande partie de sa vie : ‘’Ce n’est pas ce que j’ai voulu.’’

C’est dans le présent que se trouve la Sérénité. Tout le sens des douze étapes, tout le voyage spirituel que la Grâce nous fait parcourir, c’est un voyage vers la sérénité. Non seulement l’abstinence, c’était l’étape clé, mais seulement une étape, le fond de tout cela, le cœur de notre vie et de notre être, c’est la SÉRÉNITÉ, la Présence de Dieu; cette Sérénité qui est venue par l’aveu d’impuissance, l’abandon total au Dieu “ tel que nous Le concevions ”. La reconnaissance continuelle qui se manifeste dans une générosité continuelle. Être serein, c’est être apaisé; c’est rentrer au bercail; c’est arrêter de lutter, rendre les armes, se rendre à Dieu, s’abandonner; c’est renoncer à mener, à contrôler, à comprendre, à savoir. C’est être vidé du Moi et rempli de l’Énergie divine; c’est être Son instrument et n’être que cela. Que Sa Volonté se fasse et que la mienne se perde dans la Sienne. “ Voilà vraiment ce que je veux : voilà enfin ce que j’ai toujours voulu ”. Je dis OUI à tout, sans broncher, solidement ancré dans l’Être au fond de moi. Je ne veux rien pour moi et j’accepte tout ce que la Grâce m’enverra. Rien ne peut détruire cet Être. Cela ne dépend plus de moi. Ma vie ne m’appartient pas, ne m’appartient plus. Tout devient simple et transparent. C’est la Sérénité de Dieu qui vit en moi, qui vit ma vie. »

Placide Gaboury
http://placidegaboury.com