Oct 27 2020

Libéré du choix et de la volonté (Spinoza)

Depuis que mon ami Gougou m’a chaudement recommandé le livre; « Être heureux avec Spinoza », je prends tellement mon temps à lire et relire certain chapitre et ce, uniquement dans le but de prolonger le plaisir que ce livre m’apporte jour après jour.  Aujourd’hui, je partage avec vous un extrait de son livre et je vous recommande, à mon tour, de vous le procurer, un pur délice. -Marc
 
« Si nous voulons évoluer, nous devons cesser de vouloir changer. »

Il n’y a pas de mauvais choix

Nous empoisonnons parfois nos existences à force de remords et de regrets. Pourquoi n’ai-je pas fait ceci plutôt que cela? Si seulement j’avais su plus tôt ! Si seulement je ne m’étais pas marié à l’âge de vingt ans ! Si seulement j’avais continué mes études ! Si seulement je n’avais pas donné mon avis lors de cette réunion importante ! Si seulement je lui avais déclaré ma flamme plus tôt… ou plus tard ! Si nous comprenons, cependant, que notre volonté n’est pas libre, ces questions cessent immédiatement d’avoir le moindre sens. Car, si nous avons fait ce qui aujourd’hui nous semble le mauvais choix, c’est que nous n’avions tout simplement pas le choix : étant donné notre nature, notre situation et nos connaissances du moment, nous ne pouvions faire autrement qu’agir ainsi. Nos actes passés et le destin qui en découle étaient nécessaires. Croire que nous aurions pu mieux faire est une illusion rétrospective: ce n’est qu’avec nos expériences et nos connaissances d’aujourd’hui que nous jugeons qu’il y avait un meilleur choix à faire. Ces expériences nous manquant alors, nous étions incapables de faire un meilleur choix. Mais surtout, c’est précisément ce choix qui nous paraît aujourd’hui erroné qui nous a apporté les expériences nous permettant aujourd’hui de le juger, et d’éventuellement mieux faire. Si ce sont nos mauvais choix qui nous apprennent rétrospectivement ce qu’auraient été les bons choix, il faut bien admettre qu’il n’y a pas de mauvais choix, à condition qu’ils soient bien compris et interprétés. Nous pouvons bien sûr préférer passer nos journées à nous faire des reproches, à nous blâmer et nous accuser devant le tribunal de notre conscience et de nos expériences. Nous savons bien, pourtant, que cette guerre épuisante contre nous-mêmes ne changera rien à notre situation, changera aussi peu notre passé que notre futur, ne fera que broyer notre énergie, notre confiance et nos intuitions.

Accepter ses choix

Au lieu de condamner nos erreurs passées, nous ferions mieux d’essayer de les comprendre. Pourquoi était-il nécessaire, même inévitable, que j’agisse ainsi ? Quel sens cet acte avait-il pour moi à l’époque, et quel sens puis-je lui donner aujourd’hui, même s’il me paraît maintenant insensé ? Qu’est-ce que cette erreur m’a appris sur la vie, et sur moi-même ? Comprendre la nécessité de nos actes – leur aspect inévitable – c’est ainsi apprendre à accepter et aimer son destin, à s’aimer et s’accepter à travers lui. Sans cette acceptation, sans cette pleine affirmation de notre parcours ne laissant place ni aux regrets ni aux remords, il nous est tout à fait impossible d’agir à l’instant présent. Faut-il suivre le même raisonnement à propos de nos décisions actuelles qu’à propos de nos décisions passées ? Puisque nous ne sommes pas libres et que tout ce que nous faisons, nous le faisons nécessairement, pouvons-nous en conclure que nous n’avons pas d’influence réelle sur la poursuite de nos actes ? Autrement dit, faut-il cesser de réfléchir à ses choix et simplement se laisser aller là où le vent nous emporte ?

 
Extrait du livre : « Être heureux avec Spinoza » de Balthasar Thomass aux éditions Eyrolles (texte extrait de Google Livres)
 
Vous pouvez vous procurer ce livre localement à la librairie « Le Grimoire » à Prévost (sur commande).