Fév 4 2021

L’ Énergie du Silence et le Pouvoir de la Concentration


Fév 4 2021

Le silence de l’aube

Il existe un moment magnifique, un moment tranquille, quand la nature nous ouvre ses bras généreux et nous offre un enseignement si complet, si puissant, si unique que nous ne devons pas chercher ailleurs pour comprendre le sens du silence et de l’immobilité. Vous voyez, l’univers, le monde naturel qui nous entoure est le gourou lui-même, silencieux, et tout ce que nous devons faire est de lui ouvrir notre conscience. Il est toujours disponible, à la fois comme un rappel et une aide pour nous qui sommes pris dans nos modes de pensée, nos cogitations sur ce que nous avons fait ou pas fait correctement hier, notre imagination, les désirs des choses et des expériences que nous voulons aujourd’hui, nos anticipations et les rêves de meilleures choses demain. L’univers ne se souvient pas, n’anticipe pas, ne prévoit pas, n’imagine pas, ne rêve pas. La nature est, tout simplement, et un ensemble de «chose» émanent du doux et pur silence lui-même et finalement y retournent. Le processus se poursuit à l’infini. Lire la suite


Jan 28 2021

Bernadette Roberts

 

 

Très tôt, dans sa quinzième année, Bernadette Roberts découvrit que ses moments d’éveil s’intégraient parfaitement à la tradition contemplative chrétienne. Religieuse catholique pendant dix ans, elle décida de quitter le cloître pour fonder une famille. Mère de quatre enfants, elle fréquente un monastère, près de chez elle, et rencontre le Silence des Profondeurs.

L’expérience acquise m’avait permis de me familiariser avec de nombreux types et niveaux de silence. Il y a un silence intérieur, un silence qui descend de l’extérieur, un silence qui met fin à l’existence et un silence qui engloutit l’univers entier. Il y a un silence du moi et des facultés : volonté, pensée, mémoire, émotions. Il existe un silence dans lequel il n’y a rien et un silence qui contient quelque chose. Enfin, il y a le silence du non-soi et le silence de Dieu. S’il était une voie à laquelle je puisse rattacher mes expériences contemplatives, ce serait précisément cette voie du silence qui sans fin se déroule et s’approfondit.

Une fois cependant, cette voie sembla s’arrêter, au moment où je pénétrai dans un silence dont je ne devais jamais complètement ressortir. […]

Non loin de chez moi, au bord de la mer, se trouvait un monastère, et les après-midi où je pouvais m’échapper, j’aimais me retrouver seule pendant quelques instants dans le silence de sa chapelle. Cet après-midi là était un après-midi comme les autres. Une fois de plus le silence m’envahit et une fois de plus j’attendis que la peur vienne y mettre fin. Mais cette fois-ci elle ne se manifesta point. Peut-être parce que cette attente était devenue une habitude ou bien à cause d’une peur réelle mais réprimée, j’éprouvai quelques instants d’incertitude, de tension, comme si je ressentais le contact de la peur. Durant ces instants d’attente, j’avais l’impression d’être au bord d’un précipice ou en équilibre sur une mince corde raide, avec le connu (moi-même) d’un côté et l’inconnu (Dieu) de l’autre. […]

J’entendis un bruit de clés ; la sœur s’apprêtait à fermer la chapelle. Il était temps de rentrer à la maison et de préparer le dîner des enfants. Il m’avait toujours été difficile de sortir brutalement d’un profond silence, car mes énergies étaient alors au plu bas et le simple fait de bouger représentait un effort comparable à la levé d’un poids mort. Cette fois, cependant, il me vint à l’esprit de ne pas penser à me lever, mais d’exécuter ce mouvement, tout simplement. Il me semble avoir appris là une intéressante leçon, car j’ai quitté la chapelle à la manière d’une plume portée par le vent. Il ne faisait pour moi aucun doute qu’une fois dehors j’allais retrouver mes énergies habituelles et mes facultés mentales ; mais ce jour-là, je connus des moments difficiles, parce que je tombais constamment dans cet immense silence. Le trajet en voiture fut une lutte continue contre l’inconscience totale, et la perspective de préparer à dîner équivalait à vouloir soulever une montagne.

Durant trois jours épuisants, je luttai pour rester éveillée et repousser le silence qui à chaque instant menaçait de me submerger. La seule manière dont je pouvais accomplir un minimum de tâches ménagères c’était de me répéter constamment ce que j’étais en train de faire : à présent j’épluche les carottes, à présent je les coupe, à présent je sors une casserole, à présent je mets de l’eau dans la casserole, et ainsi de suite, jusqu’au moment où finalement j’étais si épuisée que je devais me précipiter sur le divan. Dès que j’étais allongée je perdais aussitôt connaissance. Parfois une « absence » de cinq minutes semblait durer des heures ; d’autres fois, c’était l’inverse. Dans cet état d’inconscience il n’y avait ni rêve, ni perception de l’environnement extérieur, ni pensée, ni expérience ; il n’y avait absolument rien.

[…]

Au neuvième jour le silence s’était fait très léger et j’étais persuadée que tout allait rentrer dans l’ordre sans plus tarder. Mais à mesure que les jours passaient et que je retrouvais mon état habituel, je remarquai la disparition de quelque chose ; et il m’était impossible de mettre le doigt dessus. Quelque chose ou une partie de moi-même n’était pas revenu. Une partie de moi-même était encore plongée dans le silence. On aurait dit qu’une partie de mon esprit s’était refermée. J’incriminai la mémoire, car ce fut l’élément qui revint en dernier ; et quand je la retrouvai, je constatai combien elle manquait de relief et de vie, comme les images décolorées d’un vieux film. Elle était morte. Non seulement le passé lointain, mais aussi celui des minutes précédentes, étaient vides de tout contenu.

Et quand quelque chose est mort, on cesse vite de vouloir le ressusciter ; ainsi, quand la mémoire est morte, on apprend à vivre dans l’instant présent, comme si le passé n’existait plus. Que cela puisse alors se faire sans effort – et parce qu’il le fallait bien – était une conséquence positive d’une expérience par ailleurs éprouvante. Et même lorsque je retrouvais la mémoire pratique, je continuais de pouvoir vire sans effort dans le présent. Mais le retour d’une mémoire pratique me fit changer d’avis sur ce qui avait disparu ; je me dis que l’aspect silencieux de mon esprit était en réalité une sorte « d’absorption », une absorption dans l’inconnu, qui pour moi, bien sûr, était Dieu. C’était comme un regard fixé sur l’Inconnaissable, immense et silencieux, qu’aucune activité ne pouvait interrompre. C’était là une autre conséquence appréciable de l’expérience initiale.

Cette interprétation du silence qui s’était fait dans mon esprit (absorption) parut suffisamment convaincante pendant environ un mois ; après quoi je changeai de nouveau d’avis et me dis que cette absorption était en fait un état de conscience, une « vision » d’un genre particulier ; ainsi donc ce qui s’était produit réellement n’avait rien d’une fermeture, c’était au contraire une ouverture : rien ne manquait, « quelque chose » avait été ajouté. Mais par la suite cette idée, elle aussi, ne me parut pas correspondre à la réalité ; elle n’était pas vraiment satisfaisante ; il s’était passé autre chose et je décidai de me rendre à la bibliothèque, pour voir si l’expérience d’autrui ne me fournirait pas la clé de ce mystère.

Il m’apparut bientôt que si cela ne figurait pas dans les œuvres de Jean de la Croix, cela ne figurerait probablement nulle part. Je connaissais pourtant bien les écrits du saint, mais je n’y trouvais pas d’explication sur mon expérience personnelle et n’en trouvais d’ailleurs aucune dans toute la bibliothèque. Ce jour-là, cependant, l’explication m’apparut sur le chemin du retour, tandis que je descendais la colline, face au panorama de la vallée et des coteaux : je tournais mon regard vers l’intérieur et ce que je vis m’arrêta net dans mon élan. Au lieu de percevoir comme d’habitude le centre de mon être non localisé, je vis qu’il n’y avait plus rien ; c’était le vide ; à ce moment une vague de joie sereine m’envahit et je sus, je sus enfin ce qui manquait : c’était mon propre « moi ».

Physiquement, j’avais l’impression qu’un lourd fardeau m’avait été retiré ; je me sentais si légère que je regardai mes pieds pour m’assurer qu’ils touchaient bien le sol. Plus tard je songeai à l’expérience de Saint Paul : « A présent ce n’est plus moi mais Christ qui vit en moi », et réalisai qu’en dépit du vide où je me trouvais, personne n’était venu se substituer à moi. Aussi me dis-je que Christ ÉTAIT précisément cette joie, ce vide. Il était tout ce qui subsistait de cette expérience humaine. […]

Pour moi, cette expérience était la culmination de ma vocation contemplative. C’était la réponse définitive à une question qui m’avait tourmentée pendant des années : où s’arrête le « je » et où commence « Dieu » ?

Par


Jan 24 2021

Silence

http://www.denismarie.net/


Jan 6 2021

SILENCE

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-Le passé n’existe plus et le futur n’existe pas encore, seul le présent, le maintenant est réel.

-Si le passé et le futur ne sont qu’illusion, comment imaginer que maintenant soit réel? Si maintenant était déjà contenu dans le passé, pourquoi s’en émanciperait-il? S’il n’était pas du tout contenu dans le passé, comment pourrait-il apparaître? Si maintenant était le produit de lui-même, il aurait une véritable réalité, et même double!: alors comment pourrait-il disparaître? Comment une chose qui ne peut être produite ni d’elle-même ni d’autre chose peut-elle réellement exister? D’autre part, que veut dire « le passé et le futur ne sont qu’illusion »? Cela veut dire qu’ils ne sont qu’apparence vide de nature, qu’ils sont comme un rêve. Par quel miracle un maintenant pourrait-il être le dépositaire d’une nature réelle? Par n’importe quel bout que vous preniez ce « maintenant », divisible à l’infini en parties, il demeure à jamais introuvable. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas, cela veut dire que son existence est uniquement conventionnelle, une pure apparence, une abstraction accréditée par le sens commun. Donc, il est impossible de le trouver et, par conséquent, de le nier: aucun maintenant n’est possible, et cette impossibilité, ce vide est ce qui habite son apparition, une négation qui seule peut le définir, qui constitue son existence. Et pourtant, tout semble « coller » avec ce maintenant: le corps ne peut être ailleurs, la conscience non plus, la pensée, les perceptions, les sensations, tout. Et comment? Parce qu’à leur tour, tout cela n’est qu’illusion magique, apparence. Par n’importe quel bout que vous preniez les choses, il n’y a rien de réel, en soi. Je est une simple convention, le monde est une convention, la conscience, les objets, les sensations, les pensées, toute chose, et leur manière d’être est l’interdépendance, l’actualisation, le contact, qui, à leur tour, ne sont qu’apparence, vides d’existence. Lire la suite


Déc 27 2020

Innocence…

« Ce texte a pour but d’expliquer la notion d’illumination au travers de la reconnaissance de sa propre innocence que nous avons oubliée mais pas perdue.Ce texte n’est pas issu d’une canalisation mais d’une réflexion dans mon propre silence. » Gougou 

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Nous ne sommes ni petits, ni grands, ni forts, ni faibles. Nous ne sommes pas cette idée ou ce jugement, ni cette colère ou cette peur. Nous sommes par essence des êtres profondément purs et généreux. Au-delà des conditionnements et des croyances, par le don de la vision que nous nous accordons, nous nous voyons tels que nous sommes. Au-delà des formes et des différences, au travers de cette grâce conférée par l’innocence, nous nous reconnaissons. Nous nous reconnaissons en tant que partie d’un tout indissociable qui accueille notre fraternité. Lire la suite


Déc 26 2020

Karl Renz


Déc 23 2020

Placide Gaboury – Inviter la grâce

 


Oct 20 2020

SILENCE… (suite)

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Tous les sujets, tous les concepts que nous traitons, ici ou ailleurs, sont faux, pour la première et suffisante raison que nous les traitons, qu’une telle chose soit possible. La réalité ultime ne saurait entrer dans le jeu de traités et de discussions, mais nous pouvons mettre en lumière la sublime qualité de la fausseté des choses, de leur mensonge intime, en quelque sorte. Dans cette approche, rien, absolument rien ne saurait être exonéré de cette « critique ». Tout devrait être laissé à son sublime plaisir de nous révéler sa fausseté: que le samsara se dévoile en tant que pure illusion est infiniment joyeux. C’est une démarche impitoyable, effrayante et sublime, d’un grand amour, d’une grande intensité…

Ce qui peut être traité est donc un point d’appui nécessaire pour laisser affleurer le parfum de la vue suprême. Le rien n’étant pas une existence ultime mais, étant donc une vérité ultime non positive, car dépendante, il est nécessaire de s’appuyer sur le « quelque chose ». Le rien n’existant pas de son côté, le quelque chose, apparent, a … quelque chose à nous en dire. Et, par l’analyse, l’investigation, nous en convenons que toute chose, en tant qu’existence ontologique, est impossible. Il se trouve donc que ce n’était pas la chose qui était « fausse » mais notre perception-appréhension qui était obstruée, qui réifiait ou niait. Lorsque la vue se frotte intimement et viscéralement à l’impossibilité d’établir quoi que ce soit (y compris ce qui voit) « en lui-même », la perception devient vide d’objet, vide de sujet. Disparition. Nous avons une vue presque objective de la vacuité, qui devient le seul objet de notre perception, de la conscience. Lire la suite


Oct 13 2020

Regarder Ici

« Qui devient homme cesse d’être le tout… qui revient au tout crée le tout » Plotin.
Le tout se déploie à l’intérieur de chaque moi. Son unité enferme donc une diversité. Cette relation ne résulte pas de la combinaison des éléments, comme s’ils préexistaient, au moins logiquement, à leur relation. Elle n’est pas l’effet d’une sélection parmi les possibles ordonnés à une fin. Elle n’est pas la conclusion d’un procès dialectique. Donc, ni mécanisme, ni finalisme, ni contingence, ni nécessité morale ou logique ne suffisent à caractériser l’ordre des choses. le monde est régit par une nécessité d’expression, semblable à la spontanéité créatrice de l’artiste et de l’inventeur qui fait venir à l’être d’un seul coup le possible et le réel. L’enchaînement des composantes n’est que la trace indélébile en chacune d’une dissociation imparfaite et impossible à achever. Le sens de n’importe quel fragment est dans le tout que chacun porte en soi. Et l’intelligibilité du tout est celle d’un jeu d’expansion et de plénitude.
Plotin nous compare à des choristes qui chantent et dansent, en formant un cercle mobile autour du coryphée. S’ils se tournent vers les spectateurs et n’ont d’yeux que pour le dehors, leur jeu se dissout et s’éteint. En revanche, tant qu’ils regardent le maître de chœur et se rattachent à leur centre, ils sont comblés de rythme et d’harmonie. Lire la suite