Déc 19 2020

méditation

…vous découvrirez qu’il est possible d’être à la fois conscient de l’immobilité intérieure et du mouvement, que l’eau calme existe à l’intérieur de l’eau agitée, que la grande paix existe au cœur même de chaque pensée, de chaque sensation, au cœur même de l’activité, de la rencontre et du dialogue.

Je vous en prie, si vous tentez de méditer, ne considérez pas les contractions, les associations d’idées, l’éparpillement, les dynamismes vers la périphérie, comme des obstacles. Considérez-les comme des formes de cette vérité que vous cherchez. L’océan est dans chaque vague et l’Atman est dans chacune de vos pensées, de vos émotions et de vos sensations. Ne traitez plus les distractions commes les ennemis dont il faut tordre le cou. Simplement prenez conscience sans vous brutaliser.


Cherchez seulement à vous sentir être très simplement et très naturellement.


Soyez souples avec les désirs.

Ne faites pas lever la réaction.


Simplement, soyez plus conscient(e)s que vous êtes.


Peu à peu, le calme va s’établir en vous.


Et gardez toujours en vous, non seulement dans la tête mais dans le cœur, cette vérité: il n’y a pas de différence fondamentale entre ce qu’on appelle méditation et le courant de l’existence.


Vous ne méditez contre rien.


Pas de dualité. Parler, travailler ou méditer, sont des modalités différentes de la même attitude.


Essayez d’aller tout droit au silence.

 

Soyez d’avances réconcilié(e)s.


Je lâche tout. Ma posture est suffisamment stable pour que je n’ai pas à craindre des contractions diverses.


Je suis assis(e), paisible, je détends, je prend conscience que Je Suis – un « Je Suis » aussi pur, aussi simple que possible. D’avance, je suis réconcilié(e).


Vous prenez conscience de votre corps et vous voyez que cette sensation du corps apparaît à l’intérieur de ce vide. Essayez d’être conscient(e) des deux en même temps.

 

La conscience que vous pouvez avoir de votre corps, c’est simplement la conscience d’une forme comme n’importe quelle autre conscience d’une forme, qui, pendant un moment, apparaît à l’intérieur de ce vide. Vous ne perdez pas la conscience de l’infini.

 

Vous pouvez rester des minutes et des heures, sans être complètement emporté(e)s, comme un témoin, qui les voit venir, qui les voit partir.

 

Et vous verrez qu’il n’existe pas autre chose que des formes qui se succèdent à l’intérieur de votre conscience.

 

Arnaud Desjardins – A la recherche du Soi – Tu es Cela

http://presencedamour.over-blog.fr/


Avr 17 2020

L’anarchisme ontologique mystique

 

(le libérationnisme)

 

 

Ni courant, ni mouvement, ce n’est qu’un esprit qu’on invoque.

 

L’anarchisme ontologique mystique, ou libérationniste, n’a pas d’existence propre. Ce n’est qu’une « entité » bien floue qui n’est concrètement que ce que les gens qui participent à sa constitution en font.

 

Conformément à l’anarchisme ontologique, le libérationnisme réfute toute doctrine, tout fantôme, toute abstraction. L’expérience est le maître mot. Quant à la rationalité, elle laisse place au raisonnable. En dehors de tout scientisme comme de tout évolutionnisme, le libérationniste renoue avec le symbolique, accepte le mystère. Et préfère la sensibilité et l’intuition à la doctrine (la vérité faite évidence) ; le calme de la satisfaction du présent à la violence du calcul et de l’immédiateté pulsionnelle.

 

L’anarchisme ontologique mystique est donc tout sauf un dogme ; tout au plus quelques balises sur un vieux sentier à défricher. Voici les références : il s’agit d’une connexion entre la contestation insurrectionnelle et la sagesse, entre l’émancipation politique et l’illumination spirituelle, d’associer l’anarcho-situationniste avec la spiritualité.

 

Le libérationnisme se place ainsi sur quatre plans : culturel en tant que pratique, politique en tant que rébellion, anthropo-philosophique en tant que théorie. A cela s’ajoute l’ordre spirituel, oubli de l’anarchisme libertaire.

 

L’anarchisme s’oppose à toute forme de domination, donc aux institutions religieuses, qui diffèrent de la spiritualité, qui n’est que recherche du Bonheur ; il a pour projet que chacun devienne son propre maître, comme toute voie spirituelle. L’anarchisme et les courants libertaires, utopistes et anti-capitalistes, doivent s’émanciper du rationalisme et se réconcilier avec la spiritualité. Parce que celle-ci n’est pas la religion, mais seulement la réappropriation de soi, et la métaphysique la plus élevée est celle de l’Unité de Soi, de l’identification du transcendant et de l’immanent, bref de la Libération (mukti) : tat tvam asi ; Tu es Cela ; le Moi individuel est le Moi absolu (mais avant –et pendant- d’être Cela, encore faut-il être Moi ; avant d’être libéré, être libre). Et surtout sortir de l’idée incongrue que l’identité existe, alors même que je ne suis qu’une existence à la fois singulière et commune, toujours en mouvement.

 

Fondamentalement anti-capitaliste, démystificateur de la sorcellerie moderne, l’anarchisme ontologique mystique propage le Désordre et le Chaos. Pas par passion destructrice. Mais parce que le désordre est de l’ordre à venir, moment propice à l’effervescence, où l’individu mis hors de lui-même se découvre tel qu’il est pendant que le collectif se rassemble.

 

Le libérationnisme est Révolution. Il déclare la guerre à l’Empire, il mène un djihad. Mais comme le djihad coranique, c’est aussi une guerre intérieure. Elle est totale, parce qu’au sein de tous et pour tous. Il ne s’agit pas de faire sa révolution dans son coin, ni de l’imposer. Chaque Libération individuelle est une étoile qui s’éveille dans le ciel obscurci. Que fais-tu ? Tu maintiens fermement tes chaînes alors même que tu détiens la clé. La maxime du libérationniste pourrait ainsi être : révolutionne-toi, et tu révolutionneras le monde.

Et fais-le ici et maintenant, sans faire de la Révolution un fantôme que Stirner bannissait, mais sans oublier qu’une société est instituée (tradition, reproduction) et s’institue sans cesse (transgression, création). A nous de voir si elle se constitue avec ou sans nous. A nous de voir si on peut se passer d’un projet (projection) politique. A nous de  « situer la praxis dans le contexte d’une tradition (de fête et de résistance) et d’une anti-tradition (de l’«espoir» utopique) »[1].

Il nous faut briser nos blocages mentaux, décoloniser notre vie quotidienne ; vivre authentiquement et tout de suite. Se libérer. Si tu es libéré, tu ne pourras plus craindre. Certes, Babylone pourra t’enfermer, te persécuter, te tuer, mais elle ne pourra jamais te soumettre. S’ils peuvent te nuire, ils ne peuvent plus faire de toi un esclave. Tu es ton propre maître… Et tu les emmerdes !

 

Le libérationnisme est la Révolution ; son « moyen », fin en soi, est l’Amour Juste. Les relations d’interaction sont une des plus hautes formes d’être-au-monde. Convivialité, effervescence, philia, compassion sont une préoccupation permanente. Parce que l’Unique ne se conçoit pas sans conjonction du Moi et de l’Autre (autrui comme de l’Autre en soi). Parce que les relations face-à-face permettent à l’individuation de surgir, à la personne de se constituer elle-même. Parce que la convivialité est la source de l’Autonomie créatrice. Parce que l’Amour désintéressé est la voie de la Libération.

Les armes libérationnistes sont multiples. Beaucoup nous sont encore inconnues. Résistances ordinaires (boycott, do it yourself, frugalité, prix libres, troc…) ou insurrectionnelles, multiplier les pratiques autogestionnaires, créer des Zones Autonomes, développer le Réseau subversif et solidaire, revenir à la spontanéité du don, le Terrorisme poétique, la guérilla populaire, répandre l’a-croissance conviviale… Etre décroissant, ou le ver dans la pomme. Et surtout refusons le Travail, car l’anarchisme ontologique mystique s’en méfie comme de la peste. Soyons des hérétiques du Dieu Progrès.

La Résistance est un art martial ; il faut combattre avec un certain détachement, pour soi dans le souci des autres et sans craintes ; essouffler l’adversaire, le soumettre plutôt que le détruire. L’anarchisme ontologique mystique n’a pas de position claire sur la violence, celle-ci restant dépendante du contexte. Il s’accorde seulement sur le principe de non-agression sur les personnes.

 

Voici peut-être certaines des références de l’anarchisme ontologique mystique : bien sûr Hakim Bey, les situationnistes (G.Debord, R.Vaneigem, H.Lefebvre…), les spiritualités ésotériques comme le soufisme, le bouddhisme, le taoïsme… La Baghavad-Gita est pour nous une référence. Nous pouvons aussi citer I.Illich, A.Gorz, ou encore C.Castoriadis. L’anthropologie peut aussi permettre de poser quelques pierres à l’édifice. Les révolutionnaires de tout poil également. Ce n’est pas la théorie qui doit nous guider, mais une dialectique permanente entre théorie et pratique.

 

Voilà ce que peut être l’anarchisme ontologique mystique. Maintenant, à nous d’en faire ce qu’on en veut !



[1] Hakim Bey, « Primitifs et extropiens »

www.anartoka.com/subversite/download.php?id=101&sid…