Fév 20 2021

Rien n’est jamais passé ni futur, tout est présent. – André Comte-Sponville

André Comte-Sponville

André Comte-Sponville

 Rien n’est jamais passé ni futur, tout est présent.

Et si ce n’était pas le temps qui s’enfuyait mais plutôt nous qui partions ? Dans son nouvel ouvrage, L’Être-temps, André Comte-Sponville passe au laser les idées reçues sur ce qui fait la trame de notre vie : le temps.

Propos recueillis par Jean-Louis Servan-Schreiber
 
André Comte-Sponville – Écrivain philosophe, chroniqueur à Psychologies, André Comte-Sponville vient de publier L’Être-temps (PUF) après La Sagesse des modernes, écrit en collaboration avec Luc Ferry (Robert Laffont). Le temps – Pour une fois, il ne s’agit pas de ce qu’il faut « faire » du temps (l’économiser, en trouver davantage, savoir en perdre…) mais de ce qu’il convient d’en « penser » (le passé, le futur, la nature du présent, la réalité du temps, dont quelques-uns doutent). Attention, cela relève de la métaphysique. Vous vous souvenez, en terminale ? Au quotidien, on croit pouvoir s’en passer ; sauf que la simple idée de notre condition de mortel en fait intégralement partie. Qui échappe totalement à l’envie de mieux comprendre ce que nous faisons ici-bas ? Rares sont ceux qui ne se sont jamais posé de questions sur la vraie nature du temps. Pour notre ami Comte-Sponville, la philosophie est ce qui aide à mieux vivre. S’il a voulu écrire un ouvrage dense et limpide sur le temps, c’est parce qu’il a constaté que la confusion régnait souvent, dans notre vie, autour des rôles respectifs du passé, du présent et du futur…

Psychologies : On répète volontiers que le paradoxe du temps perçu est que le passé n’est plus, que le futur n’est pas encore, et que le présent est insaisissable. C’est faux, dites-vous dans votre livre, car, en fait, nous vivons constamment au présent. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

André Comte-Sponville: Que le passé ne soit plus, que l’avenir ne soit pas encore, ce n’est pas faux : c’est au contraire la stricte vérité, et même leur définition. Le vrai problème porte sur le présent. On a le sentiment qu’il est insaisissable, voire inexistant, parce que personne ne peut l’arrêter. Qu’on ne puisse pas l’arrêter, là encore, c’est très vrai. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas ! Prenons l’instant présent : à peine l’ai-je évoqué que déjà il n’est plus. Soit. Mais qu’est-ce qui l’a remplacé ? Un autre instant présent ! Si bien que nous ne quittons jamais le présent : c’est toujours aujourd’hui, c’est toujours maintenant. Si nous ne pouvons saisir le présent, ce n’est pas parce qu’il nous fuit : c’est parce qu’il nous contient. Ce n’est pas parce qu’il n’est rien : c’est parce qu’il est tout. Comment la vague pourrait-elle saisir l’océan ?

Selon vous, nous confondons le temps et la temporalité. Quelle est la différence?

La temporalité, c’est le temps tel qu’il apparaît à la conscience : c’est le temps vécu, le temps subjectif, le temps de l’âme, si l’on veut. Elle est surtout composée de souvenirs du passé et d’anticipations du futur : la mémoire et l’imagination nous occupent davantage que l’attention ; l’espérance ou la nostalgie davantage que l’action ! Ce que j’appelle le temps, au contraire, c’est la durée telle qu’elle existe objectivement, dans le monde ou la nature. Or, dans la nature, rien n’est jamais passé ni futur, tout est présent : le réel, c’est ce qui existe actuellement. D’un côté, donc, une temporalité toujours distendue, dans notre esprit, entre le passé et l’avenir ; de l’autre, un temps réel, toujours concentré dans le présent.

Quel est le plus important ?

Les deux, pour nous, sont nécessaires. Mais le temps, d’un point de vue philosophique, est plus fondamental : parce qu’il contient la temporalité (la mémoire et l’imagination n’existent elles-mêmes qu’au présent), alors que celle-ci ne saurait le contenir tout entier. Notre conscience est dans le monde, bien plus que le monde n’est dans notre conscience.

« Dans l’espace, on peut choisir sa place ; dans le temps, non. » Pourquoi ?

Parce que l’espace comporte trois dimensions, qui permettent de s’y déplacer à peu près librement. Par exemple, vous pouvez aller de Paris à Marseille, puis de Marseille à Toulouse, avant de revenir à Paris. Et dans chacune de ces villes, vous pourrez vous déplacer dans tous les sens, vous promener, avancer, monter, descendre, changer de direction, revenir sur vos pas… Dans le temps, rien de tel. C’est qu’il ne comporte qu’une seule dimension (c’est pourquoi on le compare si souvent à une ligne), qui s’impose absolument. Essayez un peu de revenir à hier ou de sauter à après-demain sans passer par demain : vous verrez que c’est impossible. On choisit son lieu, pas son temps. Vivre à Marseille, à Paris ou à Toulouse, cela dépend de vous. Mais vivre dans le passé ou dans l’avenir, non : il vous faut vivre aujourd’hui ! On peut se souvenir du passé ou rêver de l’avenir ? Bien sûr ! Mais ce rêve et ce souvenir n’existent eux-mêmes qu’au présent. Ainsi le temps s’impose à nous : on ne peut l’utiliser qu’à condition d’abord de s’y soumettre.

« Nous sommes éternels

mais pas immortels. »

On nous avait pourtant appris

que l’éternité,

c’est ce qui n’a ni début ni fin…

Si c’était vrai, quel ennui ! On a déjà du mal avec certains de nos dimanches… Vous vous imaginez, au bout de cent mille ans, avec l’idée qu’il va falloir continuer pendant des millions et des millions d’années, sans jamais en voir le bout ? Si c’était ça le paradis, quel enfer ce serait ! Mais la plupart des grands penseurs s’accordent à dire le contraire : que l’éternité n’est pas un temps infini (ce qu’on appellerait plus justement la sempiternité), mais un présent qui reste présent, ce que saint Augustin appelait « l’éternel présent » ou le « perpétuel aujourd’hui » de Dieu. Or, depuis que nous sommes nés, nous n’avons jamais quitté le présent. Chaque jour que nous avons vécu, c’était toujours aujourd’hui. Chaque instant, toujours maintenant. Le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore : il n’y a que le présent, qui est l’unique temps réel. C’est ce que j’appelle l’éternel présent ou le perpétuel aujourd’hui de la nature. Il faut en conclure que le temps et l’éternité sont une seule et même chose, et que cette « chose », c’est le présent. Nous sommes dans le royaume : l’éternité, c’est maintenant et pour la durée de notre vie !

Vous définissez l’être-temps, le titre de votre ouvrage, comme « l’unité indissociable, au présent, de l’être et de sa durée ». Ça change quoi dans notre vie ?

Si le temps c’est le présent, c’est aussi l’être : rien n’est présent que ce qui est, rien n’est que ce qui est présent. Ce que ça change ? Ceci : nous sommes au cœur de l’être, au cœur de l’absolu, puisque nous sommes au cœur du présent. De là une spiritualité très singulière, parce que sans promesse, sans foi, sans espérance. Rien n’est à croire ; tout est à connaître. Rien n’est à espérer ; tout est à aimer. Nous sommes déjà sauvés : le salut, c’est ici et maintenant.

« Il s’agit d’agir, d’agir encore, d’agir toujours, c’est pourquoi il faut du courage, non contre la peur seulement, mais contre la paresse. » Pourquoi l’examen du temps débouche-t-il, pour vous, sur cet hymne à l’action ?

Si tout est présent, tout est actuel, tout est en acte. Inutile d’attendre l’avenir ou de regretter le passé : seul le présent est réel, seule l’action est utile !

Mais pour agir, ne faut-il pas tenir compte du passé et de l’avenir ?

Bien sûr que si ! Vivre au présent, ce n’est pas vivre dans l’instant. Agir, c’est toujours continuer un certain passé, préparer un certain avenir… Mais cette continuation et cette préparation n’ont elles-mêmes de réalité qu’au présent. C’est pourquoi l’action et la fidélité sont tellement importantes : parce qu’elles seules peuvent donner au passé et à l’avenir cette actualité sans laquelle ils ne sont rien. Devoir de mémoire, devoir de responsabilité. Le passé n’existe plus ; mais il est à connaître et à transmettre. L’avenir n’existe pas ; mais il est à faire.

Votre livre se termine sur l’énoncé d’une énigme : « L’être est la seule réponse à la question qu’il ne se pose pas. » Comment faut-il le comprendre ?

À la question « pourquoi l’être ? », il n’y a pas de réponse intellectuelle, il ne peut y en avoir : puisque toute réponse, toute explication, toute origine, supposent, déjà, l’être. Mais le réel est à lui seul une réponse suffisante. Pourquoi l’être ? Parce que l’être ! La question est de l’homme ; la réponse est du monde — la réponse, plutôt, est le monde même.
Le monde ne se demande pas « Pourquoi le monde ? » ; mais à la question que l’homme se pose sur le monde, il n’est d’autre réponse que le monde tel qu’il est, dans sa beauté, dans sa complexité, dans son évidence. Vous connaissez ce poème d’Angelus Silesius, le mystique allemand du XVIIe siècle : « La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu’elle fleurit, n’a souci d’elle-même, ne désire être vue. » Je dirais volontiers de même : « L’univers est sans pourquoi, existe parce qu’il existe, n’a souci de lui-même, ne désire être vu… » La nature ne se soucie pas de nous : c’est donc à nous de nous soucier les uns des autres, et de nous soucier de la nature ! C’est où se rejoignent la morale, la politique (notamment l’écologie) et la spiritualité.

http://www.psychologies.com


Oct 1 2020

Le temps en éducation et la non-dualité

Ajoutée par

Réflexions sur les rapports entre le temps, l’instant, la durée et la présence en éducation en fonction d’une philosophie de la non-dualité

 

Prenez le temps d’écouter cette vidéo,ça deviens de pus en plus  intéressant  au fil de l’écoute

Gougou

 


Août 16 2020

On n’a plus le temps de vivre! La sagesse de la lenteur…

Depuis que le philosophe Pierre Sansot a vendu à plus de cinquante mille exemplaires son “ bon usage de la lenteur ”, la mode du ralentissement a atteint la France. Mais, est-ce une mode ou un retour à la sagesse ?

On n’a plus le temps de vivre !

Ce n’est pas un scoop : on n’a plus le temps de vivre ! Depuis l’entrée dans l’ère industrielle, tout le monde s’est mis à courir après le temps. Réveil matin stridulant, café avalé en vitesse sur un coin de table ou de zinc, transports en commun bondés, rendement professionnel maximum, fast food, téléphone omnisonnant, carnet de rendez-vous sursaturé et encombrements de la circulation, vie familiale à peine esquissée mais pourtant souvent ressentie comme envahissante… et donnez-nous notre somnifère quotidien pour arriver à dormir après tout ça !

Non, la vie moderne n’est vraiment pas un long fleuve tranquille ! Et personne n’échappe à l’agitation, ni les enfants à qui l’on impose des rythmes scolaires avant tout conçus pour leur apprendre à être conforme, c’est à dire, aujourd’hui, à s’agiter, ni les retraités pour qui arrêter de s’agiter semble être synonyme de mourir. Lire la suite


Août 11 2020

le temps est maintenant


TRADUCTION de la VIDÉO

c’est maintenant. le changement est comme nous le faisons ensemble.

un battement, une sensation universelle de l’un, dans une unité de conscience.

venant du OM à la lumière de notre sagesse intérieure, étincelle de lumière.

dimensions multiples, ni bon ni mauvais, juste se sentir libre.

guerriers de l’arc en ciel, sans peur, les cœurs ouverts, créant dans l’amour avec passion

chacun à leur rythme avec l’intention de se réaliser

le cœur ouvert à l’écoute de son mouvement. A chacun de créer la joie de l’amour à chaque instant

de nourrir son élévation, libre comme l’énergie de la source, amour universel, inconditionnel

le temps est maintenant pour l’amour.

http://energie.unblog.fr


Déc 19 2011

Le temps d’une vidange d’huile et d’une mise au point et nous seront de retour…

Déjà 10 000 visiteurs!  Merci beaucoup à tous! Moi qui aime les décomptes et les chiffres ronds, me voilà comblé. Pour dire vrai, un tel résultat en cinq mois, cela ne nous était même pas passé à l’esprit d’atteindre ce plateau. Nous savions qu’un sujet comme la non-dualité et tout ce qui tourne autours comme sujet tel l’éveil, l’illumination, le Tao, la conscience ainsi que la philosophie n’était certainement pas ce qu’il y a de plus populaire. Notre seul véritable objectif était de faire connaître la non-dualité dans notre région et au Québec francophone en général. Pour ce faire, nous avons pratiquement 1000 articles qui sont archivés sur notre blog. Ces articles sont intemporels, profitez des fêtes pour aller y faire un tour…

Présenter des conférences, n’avait pour objectif que notre volonté de partage et nous divertir avec le sujet en question. Nous pouvons en conclure que tous nos désirs sont comblés à ce niveau. Nous avons même fait une très belle rencontre en la personne de Jean Rivest, président du « Réseau Vox Populi ». Sa générosité et son ouverture d’esprit sont pour nous une grande découverte.

Face à ce constat, nous avons examiné chaque direction que l’on pourrait prendre. Même l’éventualité de tout arrêté fut considérée face à nos satisfactions atteintes en regard de nos quelques rares objectifs. Mais voilà, nous ne sommes pas seuls dans cette aventure et nous désirons maximiser notre plaisir (seul véritable profit pour nous) et évidemment le vôtre. Dans sa forme actuelle, tout ce qui y a été mis restera, mais je désire pour ma part (Gougou), changer ma façon de participer au blog puisque je sens avoir fait le tour sur le sujet en ce qui concerne la forme prise. Je veux explorer d’autres avenues tel que mettre davantage de contenu original. J’ai donc besoin de votre point de vue afin que nous ayons un plaisir accru avec le blog. C’est pourquoi je vous invite à me faire part de vos suggestions, commentaires, idées et encouragements à propos du Blog. Vous êtes les bienvenues à participer en nous éclairant via mon adresse courriel: [email protected]. Même nous faire un petit coucou serait très apprécié afin que je puisse sentir que je ne m’adresse pas seulement au grand vide sidéral. Il en va de vôtre apport pour la continuité du blog. Pour ma part, je profite de ce « changement d’huile et de filtre » pour prendre une pause jusqu’en janvier.

Merci à l’avance de participer à notre sondage de satisfaction qui vous prendra quelques secondes à remplir et qui nous aidera grandement à continuer notre mission. CLIQUEZ ICI POUR LE SONDAGE.

En ce qui concerne les conférences, Marc a plein de projets en tête qu’il compte bien mettre en œuvre pour 2012, évidemment si la fin du monde n’est pas arrivée avant.

Joyeux Noël et bonnes années à tous!

Gougou