SILENCE… (suite)

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Tous les sujets, tous les concepts que nous traitons, ici ou ailleurs, sont faux, pour la première et suffisante raison que nous les traitons, qu’une telle chose soit possible. La réalité ultime ne saurait entrer dans le jeu de traités et de discussions, mais nous pouvons mettre en lumière la sublime qualité de la fausseté des choses, de leur mensonge intime, en quelque sorte. Dans cette approche, rien, absolument rien ne saurait être exonéré de cette « critique ». Tout devrait être laissé à son sublime plaisir de nous révéler sa fausseté: que le samsara se dévoile en tant que pure illusion est infiniment joyeux. C’est une démarche impitoyable, effrayante et sublime, d’un grand amour, d’une grande intensité…

Ce qui peut être traité est donc un point d’appui nécessaire pour laisser affleurer le parfum de la vue suprême. Le rien n’étant pas une existence ultime mais, étant donc une vérité ultime non positive, car dépendante, il est nécessaire de s’appuyer sur le « quelque chose ». Le rien n’existant pas de son côté, le quelque chose, apparent, a … quelque chose à nous en dire. Et, par l’analyse, l’investigation, nous en convenons que toute chose, en tant qu’existence ontologique, est impossible. Il se trouve donc que ce n’était pas la chose qui était « fausse » mais notre perception-appréhension qui était obstruée, qui réifiait ou niait. Lorsque la vue se frotte intimement et viscéralement à l’impossibilité d’établir quoi que ce soit (y compris ce qui voit) « en lui-même », la perception devient vide d’objet, vide de sujet. Disparition. Nous avons une vue presque objective de la vacuité, qui devient le seul objet de notre perception, de la conscience.

Mais là n’est pas la vue sublime. Car la forme, le monde existent. Et l’ignorance ne se pose pas sur le problème (sans objet) de l’existence ou de l’inexistence du monde, mais sur l’appréhension de son mode d’existence. Et même chose pour le soi. Si quelque chose est impossible, s’il est impossible d’établir quoi que ce soit en lui-même, il en devient tout aussi impossible d’établir le rien, ou l’inexistence, en lui-même. Autrement dit, la vacuité n’existe pas, l’être ou le non-être des choses et de soi sont une égale impossibilité. 

Alors, sans monde, le monde surgit; sans pensée, la pensée apparaît; sans conscience, l’être conscient se manifeste; sans allées ni venues ni destin, l’homme se meut dans l’espace et le temps sans commencement ni fin ni réalité, « menant » sa vie, sans théorie à propos du soi ou du non-soi ou du Soi ou de la conscience éternelle… L’ultime vérité, la liberté et l’amour sont un « feeling » insubstantiel, libre des extrêmes de l’existence et de la non-existence, de la dualité et de l’unité, libéré de la pensée même de la vacuité, au cœur même de l’apparence du monde, ni dépendant ni indépendant de la pensée, du monde. L’ultime vérité est donc le monde conventionnel lui-même, et non cela qui en prendrait note. Les deux vérités, dites ultime et conventionnelle, n’existent pas de leur côté et sont comme le corps et l’ensemble de ses parties (intéressant de réfléchir à cela!…). L’intégration de cela, « inconsciente » et naturelle forme la sagesse sans appui, vaste comme l’univers…

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