SILENCE

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-Le passé n’existe plus et le futur n’existe pas encore, seul le présent, le maintenant est réel.

-Si le passé et le futur ne sont qu’illusion, comment imaginer que maintenant soit réel? Si maintenant était déjà contenu dans le passé, pourquoi s’en émanciperait-il? S’il n’était pas du tout contenu dans le passé, comment pourrait-il apparaître? Si maintenant était le produit de lui-même, il aurait une véritable réalité, et même double!: alors comment pourrait-il disparaître? Comment une chose qui ne peut être produite ni d’elle-même ni d’autre chose peut-elle réellement exister? D’autre part, que veut dire « le passé et le futur ne sont qu’illusion »? Cela veut dire qu’ils ne sont qu’apparence vide de nature, qu’ils sont comme un rêve. Par quel miracle un maintenant pourrait-il être le dépositaire d’une nature réelle? Par n’importe quel bout que vous preniez ce « maintenant », divisible à l’infini en parties, il demeure à jamais introuvable. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas, cela veut dire que son existence est uniquement conventionnelle, une pure apparence, une abstraction accréditée par le sens commun. Donc, il est impossible de le trouver et, par conséquent, de le nier: aucun maintenant n’est possible, et cette impossibilité, ce vide est ce qui habite son apparition, une négation qui seule peut le définir, qui constitue son existence. Et pourtant, tout semble « coller » avec ce maintenant: le corps ne peut être ailleurs, la conscience non plus, la pensée, les perceptions, les sensations, tout. Et comment? Parce qu’à leur tour, tout cela n’est qu’illusion magique, apparence. Par n’importe quel bout que vous preniez les choses, il n’y a rien de réel, en soi. Je est une simple convention, le monde est une convention, la conscience, les objets, les sensations, les pensées, toute chose, et leur manière d’être est l’interdépendance, l’actualisation, le contact, qui, à leur tour, ne sont qu’apparence, vides d’existence.

Toute chose, toute situation n’est qu’un jeu, ultimement sans début ni fin, entièrement pénétré à chaque instant par une infinité de débuts et de fins. Ultimement il est clair qu’il n’y a nulle substance aux choses, car il faudrait alors une substance ni réelle ni irréelle, et que serait une telle substance? La véritable substance, c’est l’interdépendance, l’impermanence, la production conditionnée. Où trouver une telle substance? Sans substance ni au-delà du corps ou du monde, ni au-dedans ni au milieu, le repos silencieux n’est-il pas le seul écho possible?

Nous passons du temps et de l’énergie à nous élever au-delà de l’espace et du temps pour atteindre l’intemporel, le Soi intemporel. Mais qu’est-ce que l’intemporel, sinon la nature même de cette apparence qu’est le temps? Pourquoi donc s’en émanciper? De même, le Soi n’est rien d’autre que le soi, le soi vide de lui-même. Autrement dit, « je » est la vérité ultime. Autrement dit, l’objet qui apparaît devant moi est la vérité ultime. Ce n’est pas cela qui le voit ou là où il apparaît, je dis bien: ce qui est là, présentement, devant moi, est la vérité ultime.

Il y a donc là deux vues, une absolue et une relative, qui ne sont ni distinctes ni indistinctes. Elles sont comme le marbre et la sculpture: indissociables mais pas indifférenciées.

Parfois il apparaît le terme de Présence: nous voyons bien qu’elle ne peut se définir comme un rajout au monde ou au soi, un « à-côté », mais comme une aspiration par le vide au cœur du monde et du soi, un « moins » (avec toutes les limites des mots ici…). C’est le silence, l’absence des choses, et un amour sans limites…

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