NON-ATTACHEMENT…

images51Houei-Neng « L’impermanence, c’est la Nature-Bouddha. Ce qui est toujours, c’est l’esprit qui divise tout en bien et mal »…

…Détachement est pour moi, ce non-attachement dont tu parles. C’est prendre du recul à l’événement à l’histoire de cette vie. On se détache de rien, c’est qu’au contraire, tout, qui se détache de nous. C’est une lucidité.

Ce n’est pas du recul, ce n’est pas qu’on se détache ou que la chose se détache de nous, c’est que la situation, là, intégralement est vide, vide d’elle-même. La situation, comprenant « je » est déjà totalement non-attachée. Ce qui veut dire que la situation n’existe pas, que sa nature n’est pas ici ni maintenant, ni avant ni après ni là-bas, ni née ni non-née; elle est un vaste Devenir, pure Impermanence. Ce que je vis, (et ce « je » compris), n’est qu’une vaste illusion magique. Ainsi la tristesse, la joie, le plaisir, la douleur, tout. Et ceci n’apparaît pas dans ce mouvement protecteur de s’en détacher, ou d’attendre qu’elle se détache de nous ou dans le soi-disant refuge de notre plénitude ou complétude indépendante de la situation. L’incomplétude, le Devenir, l’impermanence, la vacuité de la situation, qui ne se surimpose à rien, est un « rien » qui est notre joie, qui s’actualise. La situation est déjà totalement libre, sans appui, car jamais apparue (cherche le point exact de son apparition, tu ne le trouveras jamais, comme une pensée).Tu n’as jamais perçu une situation, car ça n’existe pas. La seule chose que tu perçois vraiment, sans surimposition de la mémoire, c’est une absence, c’est, sensitivement, une activité délivrée de centre, de sens, de saisie, de valeur, de fixité, de début et de fin, c’est donc un continuum sans substance, qui n’est pas la continuité de ta nature-une et indépendante mais un enchaînement, une suite ininterrompue d’actualisations, de naissances-et-morts, vides et impermanentes, etc… Et la situation, ainsi délivrée de situation, laisse place à la véritable situation… Ainsi tout revient, le sens délivré du sens, le centre délivré du sens, la valeur délivrée de valeur, le je délivré du je, etc… La réalité est une apparence, une réalité purement nominative. Et la situation, de samsara, passe par un retournement en elle-même à nirvana.

En revanche, oui, c’est une lucidité, un total appauvrissement de la perception, un abîme en elle. Quand le sujet et l’objet de la perception simplement retournent à leur état naturel de vacuité, la perception aussi, et elle devient lucide sur la nature réelle de toute chose, qui est absence de substance, insaisissable. Lorsque tout est intégré à cette vacuité, qui est comme un feu purificateur, le vrai corps (dans le corps) apparaît, et il est Impermanence; ainsi pour le monde, pour toute chose. Il n’est pas possible de comprendre le non-attachement autrement. L’impermanence est le joyau, « la première porte de la vacuité » (Nagarjuna). De la même manière, tant que la conscience, sujet de bien des enseignements, n’est pas elle-même totalement intégrée à l’impermanence, on ne peut véritablement avoir qu’une vue conceptuelle ou expérimentale de la conscience, mais pas au-delà. Elle ne peut pas passer dans la dimension de l’inconnaissance, on ne peut que déduire qu’elle est notre nature éternelle et une, ce qui est un blocage au vaste et infini Devenir sans substance de notre être…

Une manière comme une autre de parler du non-attachement, non du « détachement ».

Merci…

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